Cest le plus souvent au travers du cinéma que la plupart des pratiquants darts martiaux ont acquis lenvie de pratiquer un art martial. Je ne fais pas exception à la règle et je me devais de consacrer quelques pages de ce site au cinéma asiatique, cinéma méconnu en France. Les productions asiatiques, notamment celles de Hong Kong, se trouvent le plus souvent dotées dun doublage sonore bâclé et d'une diffusion dans les salles quasiment confidentielle. Seuls John Woo et Jackie Chan cartonnent réellement au box-office. Quand on parle de cinéma asiatique, on pense en premier lieu au cinéma de Hong Kong, sans doute le plus dynamique à lheure actuelle. Mais le cinéma japonais a aussi connu son heure de gloire entre 1954 et 1968 en produisant de nombreux films de cape et dépée à la japonaise, genre cinématographique appelé "Chambara". Si je mattarde surtout sur cette période, il ne faut pas en conclure trop vite que le cinéma japonais est moribond,bien au contraire, car ce cinéma ne se limite pas au seul Chambara.
Lindustrie cinématographique japonaise a débuté en 1900, en pleine période Meiji, période douverture à loccident. Tout naturellement, les premiers films tournés étaient directement tirés des pièces du théâtre Kabuki, théâtre extrêmement populaire à cette époque. Dailleurs la plupart des metteurs en scène et acteurs de lépoque provenaient de lunivers du Kabuki. Le premier à dépoussiérer le Kabuki en introduisant de longues scènes héroïques de combat au sabre fut sans doute Shozo Makino. En règle générale, les héros des films Chambaras des années 20 et 30 étaient des guerriers errants (Ronin), des Yakuzas, des joueurs professionnels, etc...
Lâge dor du cinéma japonais et du Chambara débuta en 1954., année marquée par la sortie de deux films magnifiques : Les Septs Samouraïs de Akira Kurosawa et une nouvelle adaptation de la vie de Miyamoto Musashi, réalisé par Iroshi Inagaki, avec cette fois dans le rôle principal un jeune premier au talent prometteur : Toshiro Mifune. Cette période brillante vit se côtoyer les oeuvres de maîtres tels que Mizoguchi, Ozu et Tomu Uchida, les films de mâturité de Naruse, Kurosawa, Ichikawa et Kobayashi, ainsi que les premiers essais de la nouvelle vague menée par Nagisa Oshima et Shohei Imamura.
Le cinéma japonais de cette époque inspira de nombreux réalisateurs occidentaux, tels John Sturges qui réalisa en 1960 "Les 7 mercenaires", adaptation des "7 samouraïs" de Kurosawa (1954)
. Georges Lucas, le père de la Trilogie "Star Wars", ainsi que son copain Steven Spielberg, reconnaissent volontiers l'influence qu'a eu le maître Kurosawa sur leur propre cinéma. Kurosawa, sans doute le plus connu des réalisateurs japonais en occident, a magnifiquement illustré les pages dhistoire du Japon médiéval et je vous recommande de voir quelques uns de ses films, comme Kagemusha et Ran.Parmi les héros incarnés au cinéma à cette époque, on trouve des héros déjantés comme Ryonosuke Tsukue (redoutable escrimeur borgne et manchot) ou encore Kyoshiro Nemuri (sabreur déjanté, fils dune vierge violée par un missionnaire portugais), tous deux incarnés par Raizo Ichikawa. Autre sabreur mythique, Zatoichi, incarné par Shintaro Katsu. Il sagissait dun masseur aveugle devenu expert en escrime, qui fit lobjet dune série culte au Japon. Pour la petite histoire, lacteur Shintaro Katsu exigeait de tourner les scènes de combat avec un sabre véritable. Katsu avait pour mauvaise habitude, dit-on, dabuser de substances chimiques et un figurant succomba sous le sabre de lacteur vedette. La liste des personnages mythiques et des films cultes pourrait être encore plus longue, aussi je marrêterai à un autre héros, qui fit lui aussi lobjet dune série culte à la TV japonaise : Baby Cart, incarné par Tomisaburo Wakayama (le frère de Shintaro Katsu). Il sagit là encore dun guerrier déjanté, accompagné de son fils, un bébé aussi dangereux que son père, dont le landau est truffé darmes blanches. De quoi passer de grands moments, si vous parvenez à vous procurer les vidéos de ces films.
Voici, en vrac, une liste de quelques films à découvrir
. Autant vous prévenir tout de suite, la plupart sont très difficiles à trouver en vidéo, on arrive parfois à les visionner au détour d'un festival ou d'une rétrospective. A noter que le site de la chaîne de télé Arte a un catalogue de films japonais, dont quelques films de Kurosawa et d'Ozu.